Le soleil tape déjà, il est à peine dix heures. Carolyn et moi attendons, pouces et pancarte levés, quelque part dans le sud de Séville, près d’un arrêt de bus. L’Andalousie nous attend, quelque part au bout de la route.
J’ai rencontré Carolyn, jeune baroudeuse américaine passionnée de philosophie et de voyage en auto-stop, quelques jours auparavant à l’hostel où je bosse depuis deux semaines. J’avais deux jours de libre et l’envie de bouger un peu, elle voulait sortir de Séville. Bonne opportunité.
C’est parti pour deux jours d’auto-stop
La première voiture reste ma rencontre préférée. Une femme travaillant dans la restauration d’oeuvres d’art (elle a notamment travaillé sur une façade de la cathédrale de Séville) qui ne parle pas un mot d’anglais. Un bon test pour mon espagnol balbutiant, test plutôt réussi. Je comprends à peu près tout, pose quelques questions, parle un peu.
Elle nous dépose à l’entrée de Jerez de la Frontera, malheureusement assez loin de l’autoroute allant vers Gibraltar, notre destination du jour. Nous marchons un moment tout en parlant et trouvons notre prochain spot, un rond-point. Pas terrible. Il nous faut attendre une bonne heure avant qu’un type s’arrête. Il nous parle de l’Andalousie, qui produit le meilleur vin, la meilleure huile d’olive, etc.
Un trajet sublimé par les paysages andalous. Des collines désertiques, des petits villages blancs perchés, des champs, du vent. Un paysage très proche de ce que j’ai pu voir en Californie. La forêt ensuite, à perte de vue.
Il nous dépose à la gare routière d’Algésiras d’où l’on prend un bus pour Gibraltar.
Gibraltar
Gibraltar, le gros rocher anglais qui donne son nom au détroit entre l’Océan Atlantique et la Mer Méditerranée, entouré d’une petite ville anglaise. Rien de particulièrement intéressant si ce n’est un bon restaurant vegan, The Kasbar et la vue du rocher sur l’Andalousie et l’Afrique, si proche, d’où l’on monte en téléphérique.
On y trouve les seuls singes (des macaques) d’Europe (en liberté). Gibraltar, c’est surtout une petite aventure amusante, celle d’être en Grande-Bretagne à quelques mètres de l’Espagne, à quelques kilomètres de l’Afrique. Quatorze kilomètres, c’est ce qui sépare l’Europe et l’Afrique. Rien du tout à l’échelle planétaire. Pourtant, un fossé social et culturel gigantesque.
Tarifa
On attrape le dernier bus pour Tarifa, notre prochaine étape en Andalousie. Il fait déjà nuit lorsque l’on arrive. L’idée première était de dormir sur la plage, mais il fait plutôt frais ici et la police patrouille souvent (à cause du Maroc en face). Direction un hostel, donc. Je dois dormir dans un lit à côté de la réception. J’imaginais une nuit bruyante, c’est en fait très calme.
Tarifa est une jolie petite ville calme en bord de plage. Beaucoup de gens viennent ici et sur la côte pour pratiquer le kitesurf. La visite le lendemain matin est courte: un tour à la plage côté Atlantique (l’eau est froide!), le ponton d’où l’on voit la séparation entre la mer et l’océan, un tour dans la vieille ville et un restaurant végé où je me fais plus que plaisir appelé Chilimosa.
Passage à Cadiz
Pour repartir sur Séville, déjà, deux possibilités: 1) Retourner vers Algésiras et tenter l’autoroute déjà pris ou 2) prendre la route longeant la côte pour remonter ensuite avant Cadiz. On choisit la seconde option, pour les paysages, malheureusement. Malheureusement car la plupart des voitures qui nous prennent ne nous emmènent pas bien loin. Quelques kilomètres, histoire de bouger.
Il est déjà bien tard quand deux autrichiens nous emmènent jusqu’à Cadiz. On tente l’auto-stop pour rentrer rapidement sur Séville mais la nuit arrive vite. On parcourt quelques kilomètres jusqu’à la gare. Plus de train ni de bus.
Il est 23h. Un seul hostel a un lit, dans une chambre pour femme. Carolyn le prend, je la laisse là et m’en vais passer la nuit dehors, à errer dans Cadiz, une des plus vieilles villes d’Europe, visitée la semaine passée.
Je prends le premier train pour Séville et arrive à l’heure au travail, en ayant dormi une vingtaine de minutes. Pas grave. Cette petite aventure en Andalousie dans l’urgence valait le coup.
Laisser un commentaire